MACLEAN’S April 3, 2006 – Page 17 L’APPEL
DE LA NATURE Pour le député conservateur, Garry Breitkreuz, le controversé registre des armes à feu de l’ancien gouvernement libéral est vite en passe de devenir un vague souvenir. « C’est déjà de l’histoire ancienne, dit-il. Il ne vaut même plus la peine d’y penser. » De nos jours, le député de Yorkton (Saskatchewan), détracteur de longue date du registre des armes à feu, consacre ses énergies à une nouvelle initiative qui, selon lui, pourrait présenter la chasse au Canada sous un angle plus positif, soit la constitution d’un nouveau « caucus de plein air » non partisan. Il y a deux semaines, M. Breitkreuz a écrit aux députés et aux sénateurs pour les inviter à se joindre à un caucus d’amateurs de plein air partageant une communauté de vues. L’objectif, précise-t-il dans l’énoncé de mission du groupe, « consiste à adopter une loi énonçant que la pêche, la chasse, le piégeage et les sports de tir sont des activités de plein air acceptables, traditionnelles, écologiques qui font partie de notre patrimoine ». À de nombreux égard, le caucus est l’antithèse du registre des armes à feu du fait qu’il promeut ouvertement la chasse et l’industrie du plein air au lieu de chercher à imposer des restrictions, ajoute M. Breitkreuz, chasseur de chevreuil depuis toujours et personnalité fort connue de l’industrie de la chasse et de la pêche. L’idée d’un caucus de plein air n’est pas nouvelle. En règle générale, par contre, les caucus réunissent des personnes ayant les mêmes allégeances politiques. L’ancien gouvernement libéral avait bien jeté les bases d’un tel caucus, mais il était de nature partisane et complètement inefficace. Ce caucus de plein air, qui serait apolitique, est une initiative du plus illustre des adversaires du registre des armes à feu. Il est généralement accepté par les groupes de chasseurs qui, pour la plupart, militent en faveur d’une telle coalition depuis plusieurs années. « Il est vaguement inspiré du Congressional Sportsmen’s Caucus à Washington, le plus important caucus du Capitole », affirme Phil Morlock, représentant de l’Association canadienne de la pêche sportive et directeur des questions environnementales chez Shimano Canada. M. Morlock imagine le caucus jouer un rôle de premier plan en vue de faire adopter des mesures législatives pour protéger l’environnement et de tenir les législateurs au courant des activités de l’industrie de la chasse et de la pêche. Les groupes de chasseurs espèrent également que le caucus les appuiera dans un pays qui ne peut compter sur un groupe de pression comme la National Rifle Association aux États-Unis. « Nous avons toujours trop été sur la défensive, affirme M. Breitkreuz en parlant de l’attitude du Canada à l’égard de la chasse et de la pêche, des activités qui « constituent une composante essentielle de notre culture et notre patrimoine. Il est grand temps de promouvoir un de nos véritables points forts. » Il a déjà recueilli les noms d’une dizaine de personnes, y compris au moins un député néo-démocrate et quelques ministres, précise-t-il. « Le caucus pourrait s’attaquer à une foule de questions, affirme Greg Farrant, directeur des relations avec le gouvernement pour la Ontario Federation of Anglers and Hunters, depuis le dossier de l’encéphalopathie des cervidés aux espèces invasives. Ce sont là des dossiers ayant trait au plein air. » L’industrie de la chasse et de la pêche, qui représente quelque dix milliards de dollars par année pour l’économie canadienne, « est une industrie dont doit tenir compte le Parlement, et il pourra le faire par l’intermédiaire du caucus de plein air », conclut M. Farrant. Malgré les promesses des conservateurs d’abolir le registre en proie à des difficultés, les questions entourant les mesures législatives sur les armes à feu continueront d’être parmi les plus importantes qu’examinera le caucus. Il pourrait également étudier les dispositions relatives aux espèces en péril, voire celles touchant la chasse aux phoques. « Je tiens à ce que nous donnions un aspect positif aux lois que nous adoptons au Parlement, précise M. Breitkreuz. Le caucus représente une façon d’y parvenir. » |