Translated from English to French

PUBLICATION : The Ottawa Citizen
DATE : 2006.09.29
ÉDITION : Dernière
RUBRIQUE : Urbaine
TITRE DE PAGE : Éditorial urbain
PAGE : F4
AUTEUR : Ron Wood
CONTRIBUTION : Spéciale
NOMBRE DE MOTS [original] : 771
ILLUSTRATION : Photo de Mike Carroccetto, The Ottawa Citizen / La surpopulation de chevreuils a entraîné un accroissement des dégâts causés aux cultures et des accidents de la circulation causés par des animaux. La chasse constitue, dans l’intérêt de tous, un moyen efficace de réduire la population de chevreuils.

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Plaidoyer pour la chasse

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Maintenant que la chasse est ouverte, nous ne devrions pas avoir à attendre trop longtemps pour entendre un premier réquisitoire contre les chasseurs et sur la nécessité d’abolir la chasse par une loi.

J’aimerais aujourd’hui vous présenter un plaidoyer pour les chasseurs et sur la nécessité de promouvoir la chasse.

Il me faudrait une pleine page pour vous exposer tous les avantages économiques présentés par la chasse, mais ceux qui s’y opposent pour des raisons passionnelles rejetteront cet argument économique comme non pertinent. Car ce qui leur importe, c’est avant tout de savoir, le soir au moment de se coucher, que Bambi, les canards et les coyotes peuvent également dormir en paix.

J’ai vécu à plusieurs reprises à Calgary depuis 1946 et je pratique la chasse depuis que j’ai abattu mon premier canard à 12 ans. Durant ma jeunesse, je chassais le gaufre et faisais de la randonnée, à pied ou à cheval, sur des terres qui sont désormais des lotissements de banlieue, et je ne me souviens pas y avoir jamais vu un coyote errer dans la ville ou même dans sa périphérie. Même durant la saison des mises bas, je n’ai jamais vu de coyote s’approcher de la ferme laitière qui a été aujourd’hui remplacée par un centre commercial. Les rares coyotes que l’on observait déguerpissaient généralement dans l’instant, terrorisés.

Aujourd’hui, les coyotes suivent les Calgariens qui promènent leur chien. Ils n’ont plus peur des humains.

Dans la région d’Ottawa, la population de chevreuils croit si rapidement que les dégâts causés aux cultures et les accidents causés par ces animaux atteignent des sommets jusqu’alors inconnus.

La population de chevreuils a en fait explosé dans tout le pays. On estime que le Canada compte aujourd’hui plus de chevreuils qu’à l’époque de l’arrivée des premiers Européens. Lorsque j’étais enfant, je pouvais battre la campagne pendant des heures sans rencontrer un chevreuil. De nous jours, ils broutent dans nos banlieues. Dans les années 1950, si jamais je croisais un chevreuil alors que je chassais le faisan, j’avais un sujet de conversation pour le reste de la journée. Aujourd’hui, on peut faire sortir autant de chevreuils que de faisans d’une haie de buissons

J’ai habité dans la région d’Ottawa de nombreuses années, et lorsque j’y chassais la perdrix dans les années 1960 et 1970, je n’y ai jamais croisé un chevreuil. Lors des dernières élections fédérales, j’ai traversé la même région en voiture et j’y ai vu quatre chevreuils tués par des véhicules sur le bord de la route. Dans deux petits champs de maïs en chaume, j’ai compté pas moins de 60 chevreuils picorant des épis abandonnés, et ce, dans les limites de la ville actuelle.

La population d’orignaux croit également rapidement. J’en ai même croisé alors que je chassais le chevreuil dans les Prairies, pas très loin à l’est de Calgary, et j’ai évité de justesse la collision avec un orignal sur l’autoroute voilà deux semaines de cela.

Par ailleurs, des statistiques provinciales confirment que le nombre de chasseurs est aujourd’hui inférieur à ce qu’il était dans les années 1980, où il a atteint des sommets. Ce déclin est en partie attribuable à une stupide loi sur l’enregistrement des armes à feu. Selon l’Association internationale des agences du poisson et de la faune sauvage, les données fournies par certaines provinces et le secteur de l’assurance, les demandes de remboursement pour des dégâts causés par la faune ou pour des collisions avec la faune ont atteint, dans les cinq années s’achevant en 2004, plusieurs centaines de millions.

Le nombre de collisions avec la faune, en particulier, croit de façon alarmante. En 2001, on a dénombré en Alberta 10 468 collisions de véhicule avec la faune qui ont fait 5 morts et 313 blessés.

L’Ontario, qui ne dénombrait qu’à peine plus de 7 000 collisions en 1995, en a dénombré, en 2003, largement plus de 13 000.

Ce que les opposants à la chasse ne comprennent pas est que, le nombre de chasseurs déclinant, la faune s’accroît. La croissance de la population de chevreuils entraîne pour ces derniers des risques accrus de maladie et de famine, ce qui se traduit par un accroissement du nombre de coyotes en ville, ainsi que du nombre de collisions, et contraint les gouvernements à prendre des mesures de contrôle des populations animales. Les agriculteurs, les éleveurs et les assureurs subissant des pertes de plus en plus importantes dues aux chevreuils dévorant leurs cultures ou aux coyotes dévorant leurs veaux, les gouvernements vont être contraints de prendre les mesures qui s’imposent, et les provinces risquent bien de devoir embaucher des chasseurs professionnels pour réguler les populations animales.

Au lieu de recueillir de l’argent grâce aux chasseurs qui achètent les différents permis de chasse requis, les provinces se verraient contraintes d’en dépenser pour le même résultat.

Une étude de Statistique Canada a démontré que, en 1996, 1,2 million de Canadiens ont dépensé plus de 823,8 millions de dollars à la chasse et que ce sport était alors à l’origine de 14 000 emplois.

Les opposants à la chasse devraient changer leur fusil d’épaule et promouvoir la chasse. Ils devraient aussi s’en prendre aux politiciens qui ont cruellement piégé des électeurs peureux et naïfs en leur faisant croire que l’enregistrement des armes à feu allait garantir leur sécurité. J’ai la conviction que, parmi les malfrats qui se canardent dans nos rues, rares sont ceux qui utilisent aussi leurs munitions pour chasser le gibier.

Les seules créatures à l’abri des armes à feu au Canada aujourd’hui sont les coyotes de ville et les populations florissantes de chevreuils, d’orignaux et d’autres animaux sauvages qui hantent nos villes et leur périphérie.

Ron Wood a été l’attaché de presse de Preston Manning lorsque ce dernier était chef du Parti réformiste, puis a travaillé pour le député conservateur John Reynolds lorsque ce dernier était chef de l’Opposition. Dans les années 1960 et 1970, M. Wood a été membre de la Tribune de la presse parlementaire pour CJOH-TV et le bureau d’United Press International.